Un peu d'Italie débarque chez vous...

"Marche plus vite, marche plus vite !" se disait-elle sans arrêt. C'était presque si elle ne se demandait pas si les élèves présents dans l'enceinte de l'école l'entendait. Apeurée à l'idée de rester seule alors que la nuit commençait à tomber, la fillette de douze ans pressait toujours plus le pas, son sac de cours battant contre sa cuisse. Elle remis une mèche de cheveux derrière son oreille, inspira longuement par le nez avant d'expirer tout son air par petites bouffées.

Capucine arriva enfin devant l'escalier, et c'est en courant qu'elle monta les marches. Par habitude, elle les compta pour en oublier le nombre juste après avoir fait un pas sur le sol plat et dur de l'école. Des voix se firent entendre, et elle se dirigea le souffle court jusqu'à la présence humaine la plus proche possible. Sa phobie de la solitude finirait bien par la mettre à l'écart, plus tard, mais à ce moment précis, Capucine n'en avait rien à faire. Le plus urgent était de trouver présence humaine. Et présence humaine, il y en avait en face d'elle.

Relevant ses grands yeux noisettes, sa frange tombant sur son front, Capucine ouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Revenant soudain à la réalité, elle s'adressa à la première personne qu'elle n'identifia pas tout de suite, sans se poser de questions.

-Je m'appelle Capucine, je suis nouvelle. Je... Vous pourriez m'aider ?

-Je m'appelle Capucine, je suis nouvelle. Je... Vous pourriez m'aider ?

Je me retourne vivement, la bouche ouverte dans la prévision d'une réprimande, les sourcils froncés.

- Tu...

Je me tais. Teint olivâtre ; une Italienne. Petite taille, pas plus de douze ou treize ans, c'est une nouvelle. Il n'empêche que cette gamine m'a presque foncée dessus. Je croise simplement les bras et affiche un air plus doux.

- Je sorts du bureau de la Direction, c'est là-bas, dis-je en indiquant un long couloir sur ma droite.

La dénommée Capucine regarde le couloir et une leur effrayée passe dans ses yeux. J'ai un soupire mental, je me force à garder mon contrôle.

- Allez, viens je t'y emmène, faudrait pas que tu te perde.

Je me garde d'ajouter le "Et si tu es trouillarde au point de parcourir un couloir faut pas venir dans une école de magie".

- Tu...

Capucine, la tête complètement relevée, observe maintenant la jeune fille à laquelle elle fait face. Blonde, de longs cheveux, de grands yeux bleus, elle est vraiment belle. "Digne des actrices américaines ou des mannequins", pensa Capucine la bouche toujours ouverte, ébahie. Avant qu'elle ai pu prononcer un pauvre "Désolée", la blonde croise les bras sur sa poitrine et commence à parler.

- Je sors du bureau de la Direction, c'est là-bas.

Capucine regarde vers le couloir, remarque les dizaines de portes. Laquelle est-ce ?

- Allez, viens je t'y emmène, faudrait pas que tu te perdes.

Capucine souffle de soulagement en elle-même, contente que la blonde puisse l'aider dans le sens qu'elle voulait. Soudain, elle lui tend la main.

-Capucine d'Ascolie, métamorphe. Et toi ?

Elle semble soulagée de ne pas y aller seule. Je la conduit calmement vers le fond du couloir.

- Capucine d'Ascolie, métamorphe. Et toi ? demande-t-elle soudain
- Heu...

J'hésite à répondre. Est-ce-que je dois me livrer tout de suite? Mon nom, mon prénom oui, mais est-ce-que je ferais mieux de lui parler de mes performances à l'épée ou de ma voix extraordinaire? Elle ne semble pas bien agressive ou dangereuse, mais si il y a bien une chose que j'ai appris de ma beauté et de mon apparente douceur c'est qu'il ne faut surtout pas se fier aux apparences. Moi aussi je semble innocente, fragile et timide... au premier abords seulement.
Après quelques secondes je me décide.

- Moi c'est Oragan Drouhot, je suis une guerrière. Je manie l'épée de chevalerie à double tranchant comme un maître.

Voilà, je n'ai pas mentit mais je n'ai pas tout dit non plus. Espérons juste que ça lui suffise comme réponse.

"Elle n'a pas l'air bien bavarde", se dit Capucine. Bizarrement, ça ne la dérange pas trop. Son plan principal consistait à trouver quelqu'un qui pourrait l'accompagner jusqu'à l'endroit où elle devait se rendre. Premier point accompli. Le deuxième, un peu plus compliqué, consistait à garder cette personne avec elle. Sauf que là, le premier point s'avérait beaucoup plus difficile à réaliser que le premier, vu que la blonde, Oragan, ne voulait pas lâcher grand chose.

-Tu te dis que je n'ai rien à faire ici, n'est-ce pas ? Demanda-t-elle avec un sourire. C'est vrai que je suis petite, un peu paniquée à l'idée de me découvrir animale, mais... Je peux simplement te dire de ne pas te fier à mon apparence.

Avec un clin d'oeil malicieux, Capucine se dit que finalement, garder le silence ne serait peut-être pas plus mal.

Elles arrivèrent au bureau de la direction, et avant même qu'Oragan puisse dire la moindre parole, Capucine la devança.

-Tu m'attends, hein ?

Sans attendre la moindre réponse, la fillette s'engouffra dans le bureau, espérant simplement que sa "nouvelle amie" l'attende.

Travail, travail et encore travail. Voilà le maître mot de Sophitia qui s'activait comme une petite folle dans son grand bureau. Les nouveaux arrivants arrivaient en masse dans l'établissement, alors, pour ne pas avoir trop de travail, Natacha et elle même avaient établi un emploi du temps pour s'occuper de l'Intedance. Et cette fois, c'était son tour.
Elle s'agitait dans cette pièce depuis ce matin et la nuit allait bientôt tomber. La fillette poussa un soupire entre le soulagement et l'épuisement, tout en s'affalant dans un fauteuil en cuir noir bien trop grand pour sa petite taille. Elle avait enfin fini de trier tous les papiers.

Malheureusement pour elle, la pause fut de courte durée. Quelqu'un toque à la porte et entra. C'était une petite fille, un peu plus grande de taille qu'elle. Sans lui laisser le temps de parler, Sophitia se leva d'un bond du grand fauteuil et claqua des doigts comme si elle venait de trouver la réponse à un problème :

- Ah ! Je sais ! Tu es Capucine d'Ascolie, je me trompe ? La jeune fille hocha la tête et l'ange continua. Moi c'est Sophitia. Une des fondatrices de cette école.

Capucine parut assez surprise de cette annonce. En tout cas, c'est ce que Sophitia vu dans le regard de la jeune fille. Sophitia se réinstalla sur le siège en cuir et feuilleta un dossier qui était en haut de la pile. Tout en lisant, elle jeta quelques coups d'oeil à l'italienne de façon assez impolie. Sophitia referma violemment le dossier et posa une question assez directe à la jeune fille :

- Alors, dans quel but es-tu venue dans cette école ?

Pourquoi posait elle cette question ? Eh bien, il n'y a rien de plus simple. La curiosité. Comme toute personne, elle était curieuse. Sauf que, cette personne là, était un cas à part. Elle était tellement curieuse qu'elle s'en ouvrirait les veines pour savoir ne serait ce qu'un tout petit secret idiot.

Sophitia regarde Capucine dans les yeux jusqu'à ce qu'elle lui donne la réponse à sa question.

Arrivée dans le bureau, une des fondatrices accueillit Capucine. La fillette, assez étonnée, se dit que finalement, être accueillie par quelqu'un qui faisait à peu près son âge, n'était pas forcément une mauvaise chose...

- Alors, dans quel but es-tu venue dans cette école ?

... sauf que les personnes de l'âge de Capucine sont curieuses. Après avoir refermé son dossier, la dénommée Sophitia avait fait fuser la question.

-Ma soeur est assez malade, en ce moment, et mes parents ont cru que c'était une bonne idée de me mettre dans une école, histoire de m'éloigner d'elle. On a toujours été très proche, toutes les deux. Ils ont signé les premiers papiers que je leur ai tendu, sans rien lire sur cette école-ci. Ils ne savent pas que je suis métamorphe, et puisque ma soeur ne l'est pas non plus, je ne pense pas qu'ils s'en rendront compte de sitôt.

Capucine avait lâché ça comme on parle du beau temps, avait admis que ses parents ne s'occupaient pas tellement d'elle. Après tout, vivre en France avec sa mère alors que son père est en Italie dans les vignes qu'il cultive, ce n'est pas ce qu'il y a de plus aisé pour favoriser le dialogue au sein de la famille. Malgré le fait que Faustine et elle partent en Italie à chaque vacances scolaires, elles ne voient que rarement leur père, et il n'avait signé les papiers que parce que sa mère les avait signés. Par ailleurs, Agnès d'Ascolie, tellement investie dans son travail d'avocate, n'avait pas pris la peine de lire la moindre ligne et avait simplement mis sa signature au bas de la feuille, où celle de son mari n'avait pas tardé à la rejoindre.

-Je suis venue parce que je suis Métamorphe, et bien qu'il y ai d'autres écoles qui prennent des enfants qui ont des difficultés de ce genre, je préférais venir dans une école qui avait l'air réputé, bien que celle-ci ne soit pas la seule. Je préfère être entourée de personnes plus âgées, et je réussi très mal à me transformer de manière normale. Lorsque j'ai été voir quelqu'un pour les transformations difficiles, il m'a dit que ça prendrait beaucoup de temps avant que je puisse me transformer à ma guise et naturellement. Alors autant essayer d'accélérer le travail avec des gens qui ont de l'expérience, non ?

-Je suis venue parce que je suis Métamorphe, et bien qu'il y ai d'autres écoles qui prennent des enfants qui ont des difficultés de ce genre, je préférais venir dans une école qui avait l'air réputé, bien que celle-ci ne soit pas la seule. Je préfère être entourée de personnes plus âgées, et je réussi très mal à me transformer de manière normale. Lorsque j'ai été voir quelqu'un pour les transformations difficiles, il m'a dit que ça prendrait beaucoup de temps avant que je puisse me transformer à ma guise et naturellement. Alors autant essayer d'accélérer le travail avec des gens qui ont de l'expérience, non ?

Sophitia hocha la tête en fronçant légèrement les sourcils d'un air concentré. Le raisonnement de Capucine était très compréhensible, à vrai dire. Au lieu de lui répondre, elle se tourna vers la fenêtre et remarqua que que la nuit n'allait pas tarder à tomber. Elle se leva et dit à la jeune nouvelle "Une seconde, je reviens..."
Elle traversa une porte et alla dans la pièce d'à côté et y resta pendant dix bonnes minutes. Le temps lui parut pourtant plus court.
Une fois de retour, Sophitia n'était plus la même. Elle n'était plus une petite fille mais une jeune femme. Elle regarda d'un air amusé le regard surprit de l'Italienne et lui tendit un papier avec marqué dessus le numéro de sa chambre.

- Voilà, tu peux y t'y installer dés maintenant, dit elle simplement.

Elle fit sortir Capucine de la pièce et y sortie à son tour pour aller vers les cuisines. Elle croisa Oragan qu'elle salua avec un sourire et s'en alla en trottinant en pensant aux délicieux choux à la crème qu'elle pourrait manger.

-Une seconde, je reviens...

Capucine attendit bien sagement, calée dans le fauteuil. De sa première impression, l'école n'avait pas l'air mal du tout, et la fille qu'elle avait rencontré, Oragan, avait l'air un peu comme elle. Peut-être qu'elles n'étaient pas tout à fait différentes, finalement.

-Voilà, tu peux y t'y installer dès maintenant.

La première pensée de Capucine fut un "Euh...?" en voyant une femme lui tendre un papier avec marqué dessus un simple numéro, sûrement celui de sa chambre. Elle faillit lui dire qu'elle attendait Sophitia mais, au moment où les mots commençaient à naître dans sa bouche, elle remarqua que la jeune femme avait un air de famille avec la personne qui l'avait accueillie un peu plus tôt.

Sans un mot, la Sophitia-métamorphosée-en-adulte la mit dehors, et, regardant ses chaussures et le papier qu'elle avait dans les mains, remarquant à peine qu'Oragan l'avait attendue.
Puis, d'un seul coup, elle se retourna vers la grande blonde et lui demanda brutalement :

-T'es encore là, toi ?

Se radoucissant, elle continua en prenant un sourire presque enfantin, sans prévenir Oragan qu'un flot de paroles allait la submerger.

-Sophitia m'a donné ça, je suppose que c'est le numéro de ma chambre. Toi aussi, t'as dû en avoir un, non ? Tu me diras lequel c'est, hein ? Enfin, laquelle c'est, puisque c'est ta chambre. Et puis, ensuite, là, tu me montres ma chambre, et ensuite on va manger, parce que je crève la dalle, je sais pas toi, mais en tout cas j'espère que c'est bon ce qu'on a à manger, et que...